Pourquoi ce nom « Lady x », et qui l’a trouvé?
Erwin : C’est moi, j’ai proposé ce nom à David car, déjà, ça sonnait bien, et le “X” fait toujours un peu mystérieux. De plus, il n’y avait pas de jolie fille dans le groupe, ce qui attire toujours les foules. A l’époque, pas d’Internet, si les gens voyaient sur une affiche “Lady X”, ils étaient intrigués et curieux. Ca nous faisait donc plus de monde aux concerts. Une fois la déception passée de ne pas voir la mystérieuse Lady X sur la scène, ne restait qu’à les convaincre avec notre musique. David m’a rappelé ensuite que Lady X était une héroïne de second plan dans la BD Buck Danny. Et enfin, le nom n’était rattaché à aucune scène musicale particulière, c’était donc le nom parfait adopté.
David: J’ai toujours été attiré par la BD, Je sortais d’un groupe appelé Guinea Pig, d'après le personnage de la Marque Jaune, d’Edgar P. Jacobs. Lady X est une ennemie de Buck Danny. Et je pense aussi qu’Erwin aimait bien le côté mystérieux du nom; c’est lui qui en a eu l’idée.
Il y a eu plusieurs formules à ce groupe je crois ?
Erwin : Oui, on a commencé en duo David et moi. On jouait avec des bandes et la musique
était fort différente, on ne sait d’ailleurs pas jouer la même musique dans ces conditions. On sortait encore un peu de la New-Wave, du gothique et de ces vieux machins et on voulait refaire des plus vieux machins encore, du blues, du rock, etc…. Mais avec l’esprit de l’époque. J’espère qu’on sortira un album aussi avec cette première version, il y a des choses intéressantes.
David: Oui, il y a eu d’autres personnes impliquées dans Lady X. entre autres, Jean-Marie Ceulemans que nous connaissions de par son implication dans le groupe Marketing Zo. Pascal Roufiange a aussi remplacé Benoît pour les quelques derniers concerts du groupe.
Comment vous êtes-vous rencontrés?
Benoît: J’ai rencontré David dans un magasin de guitares sur Namur, il cherchait un bassiste pour jouer le soir même. N’ai pas osé car c’était mon premier groupe. David m’a recontacté par la suite et m’ a présenté aux autres.
David: J’ai rencontré Erwin alors que je faisais mes premiers pas à la guitare et qu’il
arpentait les scènes régionales de Gembloux avec son groupe Silicone. J’avais été invité par leur technicien Joël Nazé à venir les voir en répétition. Je suis donc venu avec ma guitare, je me suis fait tout petit :) A la fin de leur répète ils m’ont invité à jammer, ce que nous avons fait. C’était la première fois que je jouais dans un groupe et on a composé ensemble un morceau. Si je me souviens bien, ça s’appelait ‘Tu t’appelles Violence’ - tout un programme! Ensuite, ils m’ont invité à jouer le morceau avec eux lors d’un concert (mon tout premier, à la Scie Rose, à Gembloux) Après cela nous avons continué à collaborer régulièrement dans plusieurs projets.
J’ai rencontré Ben chez JMG Music, qui était l’endroit à Namur où tout le monde se rencontrait dans les années 90. Il est venu à une répète et ça a collé tout de suite.
Guy était un ami d’Erwin, un super batteur, très sympa. Il y avait vraiment une bonne ambiance dans ce groupe.
Erwin : A un de mes premiers boulots, on postulait, Guy Smal et moi, ensemble dans la même entreprise pour un poste différent. On faisait vite et bien le boulot demandé et puis, on parlait musique et on a fini par jouer ensemble pendant les pauses….
Je ne sais plus très bien comment j’ai rencontré David Goffin, ça remonte à très longtemps. Je jouais avec le groupe Silicone et il est venu assister à une répétition par je ne sais quel biais ? mais je me trompe peut-être.
J’ai rencontré Benoît Monjoie via David, quant à Erwin VonVox, cela reste un mystère…
Pourquoi avoir arrêté le groupe?
Erwin : Les divergences habituelles et collées à la vie de groupe. Ici, si je me souviens bien,
c’était principalement une divergence entre David et Guy notre batteur. David voulait aller vite et Guy était trop perfectionniste sans doute. Et moi, j’étais partagé entre les deux points de vue. Bref, c’est la vie.
David: On avait enregistré le premier album sans chipoter, sur un 4 pistes, en quasi deux jours ce qui a donné cet album, justement appelé @Home Recording’. Un an plus tard, pour le deuxième, on avait déjà plus de possibilités, un meilleur équipement, on pouvait ajouter plus d’instruments, le son était plus clair etc, etc. Formidable, sauf qu’avec la multiplication des options, on a commencé à hésiter sur tout. Guy était assez perfectionniste et voulait constamment refaire ses prises de batteries. Au bout d’un moment, j’ai perdu patience (je n’en avais pas beaucoup à ce moment-là :) ) et j’ai décidé d’abandonner le projet. J’ai enregistré mon premier album solo dans les mois qui ont suivi.
Comment avez-vous enregistré l'album?
Erwin : David et moi étions déjà des mordus du Home Studio à l’époque. Je dois être parmi les premiers à avoir utilisé un 4 pistes à K7. C’était un Fostex 250. J’en possède encore un. Je le prêtais régulièrement à David qui m’a appris à comment mieux m’en servir. David est ensuite passé sur un 4 pistes à bandes, ce qui était un niveau au-dessus mais je lui laisse expliquer la suite.
David: En effet, Erwin me prêtait son Fostex assez régulièrement à l’époque. Philippe Depireux aussi en avait un qu’il me laissait utiliser. Puis j’ai eu l’occasion d’acheter un Teac 4 pistes à bandes, qui sonnait mieux que ceux à cassettes. J’avais aussi acheté un enregistreur stéréo digital Sony DAT. C’est sur cette base que nous avons enregistré cet album.
David: Pour ceux qui aiment la technique, le détail:
Nous avons fait les prises de base sur 4 pistes:
la batterie (4 micros sm57(!) pour la grosse caisse, la caisse claire et deux ‘overheads’) mixée en stéréo sur les pistes 1 et 2.
La basse sur la piste 3 et une guitare rythmique sur la piste 4.
Nous jouions ensemble, y compris les parties non enregistrées, Guy dans le salon de mon habitation de l’époque et nous trois dans une petite chambre où se trouvaient l’enregistreur et les tables de mixage.
Je pense me souvenir que la basse a été enregistrée directement sur la table et qu’Erwin n’utilisait pas d’ampli mais qu’il avait un des premières pédales ‘Sansamp’.
Nous avons ainsi enregistré une seule prise de chaque morceau du répertoire en recommençant à chaque erreur. On entend d'ailleurs Guy dire à la fin d’un des morceaux ‘celui-ci, il est bon’ :) , je l’ai laissé sur le nouveau mix.
Ensuite, j’ai mixé avec Erwin (je pense) tous les morceaux ‘de base’ en stéréo sur une cassette DAT.
Nous avons transféré ces mixes stéréos sur une nouvelle bande 4 piste et il nous restait donc deux nouvelles pistes pour la deuxième guitare, les chants et les soli. Pistes 1 et 2: mix batterie-basse-1ere guitare, piste 3: deuxième guitare et piste 4: chant et soli. Certains soli de guitares sont coupés brutalement car le chant devait reprendre :)
Pourquoi ne pas être allés en studio Pro ?
Erwin : déjà une question d’argent, pas de producteur et l’envie aussi de faire les choses nous-mêmes. Le “Do it yourself” est la chose la plus importante que les punks nous ont donnée et je garde encore cette philosophie.
David: Trop cher et limitant. J’avais eu la chance d’enregistrer chez ICP avec Guinea Pig mais c'était très coûteux, intimidant et assez frustrant, en définitive. Il y avait aussi du changement dans l’air, le grunge pointait son nez et on avait envie d’une fraîcheur qui manquait peut-être aux années 80.
Combien de Cds aviez-vous imprimé à cette époque?
Erwin : 1.000 je pense, c’était le minimum d’albums qu’on pouvait presser à l’époque.
David: oui, 1000, j’en ai encore… 😂
Comment était la scène rock à Namur à cette époque?
David: au début des années 90, il y avait déjà quelques groupes autour de Namur mais la grande explosion, si je peux dire, a eu lieu grâce à l'arrivée de Jean-Marc Godfroid et son légendaire magasin JMG Music, en face du cinéma Eldorado. Chaque adolescent qui se prenait pour le futur Kurt Cobain avait l’occasion d’essayer des instruments, de rencontrer des gens dans ce magasin. Certains groupes se sont fondés là. JMG sponsorisait et sonorisait quasi tous les concerts indépendants de l’époque, ça a donné à beaucoup de musiciens l’opportunité de faire leurs premiers pas. Certains ont émergé et ont commencé des carrières grâce à JMG (Fred Lany, Jonas Jalay, Flexa Lyndo, entre autres)
Benoît: Il n’y avait pas grand monde si mes souvenirs sont exacts!
Dans quelles langues chantez-vous?
Erwin : David en anglais et moi…euh…. Après tout, les Beatles avaient un accent terrible aussi hein !
David: dans le pur esprit de l’époque, on s’en foutait un peu! Mais quand même… quand on pense que j’étais déjà prof d’anglais! J’ai un peu honte (oh et puis non, en fait! 😀) A vrai dire, beaucoup de nos groupes contemporains chantaient en ‘Yahourt’, comme on disait!
Hector est en flamand, pourquoi?
David: j’étais jeune prof d’anglais et de néerlandais
, j’étais assez fan du comique flamand Urbanus, qui avait sorti un film du même nom.
Vous pouvez nous parler des guitares utilisées ?
Erwin : Si je me souviens bien, à l’époque je jouais beaucoup avec ma Gretsch Tennessee Rose et ma Fender Stratocaster.
David: J’utilisais principalement une Fender Strat Japonaise, que j’ai toujours, même s’il n’en reste que 10% d’origine! Je m’étais acheté une Gibson Les Paul Custom Silverburst (vendue) mais il me semble aussi entendre ma Fender Katana sur ‘Great’.
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